Vendredi soir, Ozark Henry ne m’a pas attendue. Prise dans les embouteillages monstres d’une nuit maladroite, la route d’Anvers voulait me piéger en ses bas côtés.
Heureusement, ma motivation était intacte, et dans la bagnole je dansais interdite sur le son funk’ n soul du dernier Black Joe Lewis and the Honeybears.
Mes doigts tapotaient en rythmes futiles le volant imperturbablement statique. Les trois heures de voyage me parurent étrangement rapides et je m’étonnais personnellement de ma patience à l’habitude si fragile. Même pas inquiète de savoir que le guichet du Lotto Arena pouvait se fermer à la venue de ma frimousse tardive.
Et pourtant ce fut le cas. Après un magnifique sprint aérien (je te jure que j’avais l’impression de voler entre les gouttes de pluie belges) du parking à la salle, sous mon nez, le guichet s’éteignit.
D’un calme stratégique, je frappais à la fenêtre pour attraper la dernière attention du gars. Il m’ouvrit, me parla et me sourit flamand. Je ne comprenais évidemment pas ses mots, mais je lui dis gentiment que je voulais par-dessus tout une place, et que je l’avais méritée. Il sous-entendait qu’il était trop tard, et qu’Ozark avait commencé depuis dix minutes. « Cette place je la veux, regardez mes cheveux mouillés. J’ai le souffle coupé parce que j’ai couru jusqu’à vous. Je n'en veux qu’une mais je la veux » que je lui rétorquais. Il prit son téléphone, et parlait tout bas… « Tenez, je ne peux pas vous faire ça, vous avez l’air trop motivée et décidée, mon patron vous l’offre. ». Il me surprit. Merci le patron du gars.
Je rejoignis Stef, qui se moqua un peu de moi : « Déjà là ? ».
Ozark ne m’avait pas attendue mais il me fit un show des plus parfaits. Autant le dernier album m’avait agacée de sa production trop lisse, autant le live me révéla sans surprise le talent atypique et inclassable du chanteur. Des lumières simplement magiques, un brassage des sons aux couleurs d’une bassiste sud-coréenne, d’un batteur français, d’un guitariste anglais, et de son ancien clavier invité d’honneur.
Ozark était à l’aise dans sa jupe noire gothico-hvelreckique. Il était gracieux.
Le concert fut bon, court, mais intense. C’était fini et je regrettais de ne pas partager mes impressions avec Stef déjà envolé en backstage.
Faute de temps et de bière belge, ma langue et ma glotte sèches ne m'empêchèrent d'être polie et polyglotte: nous nous dîmes au revoir en Français et bonne chance en Islandais: Hverelki.Au retour, la route badina avec moi en me jouant en boucle le second album si hypnotique et frais de Das Pop.
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