vendredi 25 février 2011

The White Lies + Crocodiles+ The Transfer le 23/02/11






Ca ne pouvait être qu'une bonne soirée. Le tout premier concert de ma filleule. Imagine, 14 ans, et au lieu de subir , comme nous, dans un autre temps, les concerts de la kermesse du village, Yves Duteil, et autres champions de la scène du 14 juillet, je l'emmène voir les White Lies. Un concert complet, une salle carrément parfaite, une ambiance de fête. Avant d'arriver sur place, la gamine m'oblige à engouffrer un sandwich de clown; je bois mon super cola et je sens que j'ai la frite. Surexcitées, bien devant la scène, on écoute attentivement le premier groupe, la première première partie: The Transfer. Un groupe de dernière minute débarque sur scène pour piquer la vedette aux autres. Ils ont l'air d'avoir quelques fans et la petite et moi, on se fait engueuler par un gars parce qu'on s'amuse avec nos phones. Comment dire...Transfer joue comme si c'était le concert de leur vie. Ils sont à fond, tout le temps, et comme on se connait pas, je trouve que c'est franchement exag'. Des califormiens venus de trop loin, et qui nous permettent le temps d'un ennui de surfer sur nos textos. De temps en temps , on est fort secoués parce que le chanteur, qui sue beaucoup sous son beau cuir, crie comme un malade sur nous. Il dit que ce sont des chansons.
La tension monte, le monde commence à se serrer un peu. Arrive, après un énième cola, la vraie première partie Crocodiles, et on est toutes contentes. Le style du gars trop rock! Petit cuir noir, petite chemise, petites lunettes de soleil noires . Voilà comme ils se la jouent tous sur scène. Dommage, l'attitude, le fun, le rock, tout y est, sauf la musique. C'est un peu gênant quand même.
Survitaminées à la caféine des vrais colas, on saute de joie quand The White Lies arrive sur scène! Et là, c'est le choc! Tout le monde se serre, et se rapproche du bord de la scène. Ils sont beaux, froids, et violemment au point! Le chanteur nous emporte dans sa dépression. Je ris fort parce que je trouve que sans maquillage, il peut jouer naturellement dans la Famille Adams. La petite connait pas. Coup de vieux.

On chante, on lève le point, et je vois les yeux de la gamine briller aux sons électriques.
Elle me dit qu'elle adore ça et qu'elle aimerait bien revenir en concerts avec moi. Touchée. Je serais ton mentor ma p'tite. Je vais te faire découvrir la sic, la vraie, le live.
Je lui dis de prendre un t-shirt du groupe en souvenir, cadeau. Grande dame quoi.
"Oh, non,merci marraine, t'es folle, c'est moche, on va croire que je l'ai acheté à Babou!"
Oui, ça m'a fait rire.

mercredi 23 février 2011

Soul code et Funky Clichés : Charles Bradley et Lee Fields, Grand mix. Février 2011.


Black Joe Lewis, Eli Paperboy Reed, Lee Fields, Charles Bradley, Sharon Jones, The Dap Kings, Menahan Street band, Aloe Blacc, Cee Lo Green, Naomi Shelton, Mavis Staples, Jesse Dee, Amy Winehouse et son album de “genre” (avec les Dapkings sur 6 titres), Budos band… Autant de noms associés à une soul vivante, contemporaine, loin des éternels repackaging dans le style “The Golden Age of Soul” où on claquera en masse compacte le plus de titres possibles... salvateur et mortifère… mémoire compacte sans vision d’avenir large.

Ce 21 février, la soul vivait… Exsudait, transpirait, les paillettes avaient de la fièvre et les cuivres rutilaient pour de bons, soufflés par des hommes, pas samplés cheap par des machines, ajoutant la dimension de la respiration à la moiteur de nos bassins chaloupant malgré nous mais avec notre accord tacite.



Sur la scène du Grand Mix, faite pour servir la musique, apparaissent les pointures ultra précises du Menahan Street band dans la plus pure tradition soul, on joue deux titres et on annonce le chanteur… Ce n’est pas un concert, ce n’est pas un gala, c’est une revue, les Ikettes en embuscade mentale dans un coin du cerveau pendant que Martha and the Vandellas dansent dans la rue et dans nos têtes… L’impeccable batteur, Homer Seinweiss, est d’une rare élégance, rien n’est forcé, on joue tard sur le temps, calé dans le fond, sans pression martiale sur une batterie réduite à l'essentiel...Le bassiste; Nick Movsho, envoie un groove énorme calé lui aussi dans une vélocité soul très impressionnante, James Jamerson, le grand bassiste de la Motown (prenez cinq minutes de votre vie pour écouter la ligne de basse de What’s going on ?, c’est Jamerson.) devait sourire tout là haut de voir ce petit blanc mouliner aussi souplement en lui rendant hommage à chaque pulsion, comme le Bootsy Collin du live de James Brown à Paris. La soul, c’est une école instrumentale, on ne s’improvise pas soulbrutha’ parce qu’on le décide, c’est codifié, précis, chromé, lascif, sensuel, bondissant, sexy. Le guitariste arpège, illustre, joue sans susatin et sans effet, on fait clair, on élague…Le temps de poser le climat et arrive Charles Bradley qui sort son premier album à 62 ans… On pense un instant aux bouges et autres rades à matelot que cet homme a dû tenter de faire vibrer de sa Deep Soul tout au long de sa vie. Ne lui manquait que la cape de James Brown sanglé dans un fantastique et assumé costume rouge et noir… Le ravissement de cet homme était magnifique à voir, comme si, enfin, il avait droit à quelques rais de lumière pailletée consenti par les dieux soul de Wattstax qui planaient là haut, vigilants et roublards. La voix de screamer de Charles Bradley et sa soul ne sont pas révolution, elles sont ferveur et tradition, la soul devenant sous l’organe chaud une modalité d’expression de toutes les nuances du sentiment amoureux. The world is going up in flames chante Bradley et sa douleur ne souffre aucun doute quant à son authenticité. Ce chant là ne dupe pas…
Charles remercie beaucoup, parfois trop, en perd sa soul et sa micro, ébahi d’une salle pleine et d’un public qui l’écoute. On est ému pour lui. Ce n’est pas James Brown, personne ne l’a dit, surtout pas lui et on le sent quelque peu tétanisé comme s’il se demandait si on n’allait pas le renvoyer dans un club où il ferait trois fois par soir le même set pour 50 $ et le repas. On parle d’un homme qui a passé l’essentiel de son enfance dans la rue et qui a été cuisinier une bonne partie de sa vie. La seule lueur dans ce tableau noir ? La vision enfiévrée de James Brown à L’Apollo de 1962. Il a écumé les clubs de Brooklyn et il a retrouvé son frère mort, abattu par son neveu. De quoi forger une voix…



Arrive sans temps mort Lee Fields, le Menahan Street Band devenant en un éclair et sans le moindre changement de personnel The Expressions ! Lee est plus souple, plus félin, plus à l’aise aussi dans un style lover très affirmé, sans doute un peu moins marqué par l’inconfort de l’insuccès. Daptone l’a remis en selle, en soul et en salles depuis un moment. Le Little JB maîtrise mieux l’art subtil de toréer le public en lui faisant de la place pour qu’il entre dans la danse et qu’il se soul avec lui. Il saura exactement quand lâcher « Ladies », tubesque stomper de dancefloor qui fera même croire à certains beaufs avinés que l’on pouvait se comporter comme dans un Macumba pour quadra esseulés swinguant à contre temps sur l’air trop connu de « Papa veut se la jouer soulman ». On fera taire les malotrus vertement par l’intermédiaire d’un spécialiste des arts martiaux peu porté sur le peace and love de Bradley le temps de la remarque. Je ne m’y ferai jamais à ces pécores, j’assume, qui parlent tout le concert… On peut aussi aller à un concert de Blues avec un drapeau confédéré tant qu’on y est…
Lee bouge et swingue, feule et pose sa voix sur tout le monde, comme un voile de ce supplément d’âme soul que personne ne pouvait contester. Ce soir là, tous les clichés de la soul étaient vrais, vérifiés, estampillés, labellisés Daptone. C’était merveilleux. Pas l’Apollo d’Harlem, non, pas le gigantesque Wattstax et les cris de Jesse Jackson faisant hurler à la foule « I Am somebody » et non plus « something », « What time is it ? Nation time ! », le Grand mix, au propre comme au figuré. D’excellents ambassadeurs de la Soul nation ont porté haut les couleurs de ce drapeau qui n’aime pas qu’on différencie les couleurs. Charles Bradley reviendra adoubé par Lee Fields dans l’incroyable salopette de la pochette de son album, toujours aussi ému, toujours aussi émouvant. Quand il chante « love », c’est toute l’humanité qui passe, ce n’est pas la scansion ânonnée d’un parolier bâté qui cherche une rime avec « dove », il y a une vie qui passe et 62 ans d’attente. De quoi clore cette soirée, cette revue aux derniers feux rutilants de la section de cuivres fous qui n’allaient s’éteindre que tardivement, follets et ennuyés de nous laisser seuls.

One nation under a groove. Si.


Yann (Invité sous le régime de la communauté des biens).

dimanche 20 février 2011

The National, 15/02, Deux heures d'ivresse triste, heureuse et consentie.

La salle du Forest était toute pleine, le ventre bien repu de rockeurs aux bonnes intentions sonores. L’accueil de groupe a été particulièrement philanthropique. Quand le chanteur souffrait son « Fake empire » dans le micro, la salle grondait de plaisir avec lui. Hier soir, les gens aimaient être tristes, tous ensemble. C’était touchant.

Intense et déchainé, le groupe a su combler les cœurs asservis aux chansons ténébreuses. Envoûtants, les comparses musicaux se jetaient dans la fosse aux sons sans complexe. Ils riaient, s’assombrissaient, se donnaient. Epris de nous, le chanteur a tenté de se fondre à plusieurs reprises à la fosse, s’abandonnant lascivement à la foule.

Un pur moment d’allégresse rock, de dandysme scénique, et de partage. The National a su imposer son émotion, sa cohésion de groupe, et la maîtrise de son inspiration.
Le “Vanderlyle Crybaby Geeks” (acoustic) , susurré à l’oreille d’une foule conquise, n’a pas fini de résonner dans mes souvenirs rocks.







• Runaway
• Brainy
• Anyone's Ghost
• Mistaken For Strangers
• Bloodbuzz Ohio
• Afraid Of Everyone
• Conversation 16
• Lemonworld
• Lit Up
• Abel
• Slow Show
• Apartment Story
• Sorrow
• Lucky You
• England
• Fake Empire
• rappel:
• All The Wine
• Mr. November
• Terrible Love
Vanderlyle Crybaby Geeks
(Acoustic)

Impressions concerts!

J'aime les concerts. Toi aussi? Ca tombe bien. Ici, je vais te donner mes "impressions concerts". J'attends tes commentaires, et surtout, tes impressions concerts sont aussi les bienvenues.

Rock'on...